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La matière du dégoût. Actualité de la théorie phénoménologique du dégoût de La nausée de Jean-Paul Sartre / Vasari, Giorgia. - In: L'ANNÉE SARTRIENNE. - ISSN 1763-4024. - 33(2019), pp. 136-142.
La matière du dégoût. Actualité de la théorie phénoménologique du dégoût de La nausée de Jean-Paul Sartre
« Qu’est-ce que le dégoût ? » (p. 9). Telle est la question qui meut l’ambitieuse recherche de Marco Tedeschini, dont le dernier ouvrage pose les bases théoriques et trace le cadre historique. Bien que l’Auteur présente son travail comme in fieri (p. 15), le titre qu’il choisit n’est pas sans poser une thèse forte et précise : « le dégoût est un sentiment esthétique », qui exprime une « conflictualité insupprimable » et consubstantielle aux rapports interhumains (p. 9), ainsi qu’à l’existence tout court (p. 136). En tant que révélateur d’une hostilité intrinsèquement liée à l’intersubjectivité, le dégoût se configure donc comme un « puissant outil » pour mener une enquête sur cette dernière (ibid.). En effet, d’après l’Auteur, le monde est constitué par les êtres humains, qui l’habitent en mettant en œuvre des choix précis ; ces choix coïncident avec le fait même d’exister et ne peuvent aucunement être réduits les uns aux autres, ni être anticipés, prévus, selon les lois de la causalité : ils sont originaux et – en quelque sorte – incompréhensibles. « Il y aura toujours une conflictualité foncière dans le monde : un désordre » dont l’origine ne relève ni de la volonté, ni de la morale (p. 12). En effet, d’après l’Auteur, ces conflits sont de nature « esthétique » : ils se fondent sur des élans individuels spontanés, qui investissent toute altérité, en soulignant avec force l’évidence d’une différence irréductible (ibid.). Ainsi, la violence – au premier abord, du moins – est indépendante de l’intention pratique ; la violence réside dans une soumission – que l’on ne peut ni prévoir ni esquiver – au vécu perturbant de l’étrangeté (p. 13). Dans ce cadre, le dégoût est considéré comme l’expression d’une limite – « la limite du goût » – qui ne coïncide pas avec la limite de l’esthétique qui a notamment été posée par Kant . En effet, Tedeschini considère l’esthétique comme une théorie de la connaissance sensible lato sensu et insère sa recherche dans le contexte d’un certain « "retour à Baumgarten" promu par Böhme ». Cela dans l’optique d’envisager le dégoût indépendamment de l’art et du plaisir, afin de pouvoir ainsi dialoguer, en les intégrant (ibid.), avec les différentes perspectives offertes, à partir des années 1970, autour de la question du dégoût. La première étape de la démarche de Tedeschini consiste dans l’éclaircissement du sens principalement culturel du dégoût, ainsi que dans l’étude du rapport entre la nature et la culture de celui-ci. Dans le premier chapitre, à partir de certains travaux de Freud , l’Auteur relève que le dégoût – de même que les idéaux esthétiques et moraux – s’origine et trouve sa justification dans la « discontinuité » nécessaire à la naissance de la vie associée et à la culture qui la caractérise. Cette discontinuité marque la différence entre un « être humain » et un être qui ne l’est pas (encore), sur la base de valeurs (et tabous) qui ont été constituées fondamentalement à partir du choix pour la posture érigée (p. 21-23). Cette lecture est partiellement en accord avec celle proposée par Winfried Menninghaus, dans son importante étude du dégoût ; partiellement, car la perspective de Tedeschini ne sépare pas – comme le fait Menninghaus – la nature de la culture, mais considère plutôt la seconde comme toujours déjà présente au sein de la première (p. 26-27). Dans ce cadre, l’Auteur relève comment l’évolution culturelle a contribué à fixer, à travers les mots, un « sens » spécifique pour ce qui est vécu au sein d’une même civilisation (p. 25). Dans ce contexte, l’Auteur présente une brève étude sur l’histoire du terme « dégoût », dont le résultat principal est de mettre en évidence que le sens de ce mot – encore vivant aujourd’hui – se forme dans l’époque moderne, en opposition au « goût », considéré comme un des principes à la base de la société européenne (p. 28-29). Le malaise que ce mot signale n’est donc point exclusivement lié à la sphère physiologique, mais se réfère à un certain mépris éprouvé par le sujet envers l’objet. Ce sentiment est reconduit par l’Auteur au « fastidium » latin , considéré comme un « fastus qui taedet, c’est-à-dire comme un objet dégoûtant qui, en quelque sorte, procure une offense » (p. 46) ; ou, encore, comme un objet qui, en dépassant certaines limites ou conventions sociales, agace le sujet et lui procure de l’ennui (p. 49). Dans le deuxième chapitre, après avoir résumé la théorie de Darwin , l’Auteur en vient à l’analyse de certaines des positions sur le dégoût qui sont aujourd’hui dominantes dans le monde anglo-saxon, à savoir, celles de Paul Ekman et Wallace V. Friesen, de Paul Rozin et April Fallon, d’Andras Angyal, ainsi que celle de Daniel Kelly . Cette partie de l’ouvrage est fondamentalement critique, en tant qu’elle vise à faire émerger les insuffisances que l’Auteur trouve dans les théories du dégoût qui fondent leurs analyses simplement sur la corrélation entre le dégoût et l’alimentation et qui s’insèrent exclusivement dans un cadre évolutionniste. Selon l’Auteur, ce cadre – qui ne doit pas être renié ou exclu de la recherche – nécessite d’être « abondamment intégré », car il est impensable que le sens du vécu de dégoût puisse être réduit simplement à des mécanismes de défense (p. 89). S’il en était ainsi, dans le cas où un jour – par hypothèse – la réalité ne devait plus être dangereuse, le dégoût devrait alors disparaitre. Mais l’Auteur fait remarquer qu’en réalité c’est exactement le contraire de cette situation qui se donne : « le dégoût est la preuve évidente que cela est faux », soit « qu’il n’y a pas de conditions externes qui contraignent l’être humain à organiser sa survie au sein d’un milieu hostile », mais plutôt que « l’être humain est hostile par rapport à un milieu qui, lui, peut-être ne l’est pas » (p. 86). En effet, pour l’Auteur, le dégoût est une « aversion séparée du danger » (p. 87) et ignorer ce fait signifie ignorer « le conflit qui traverse la réalité où vit l’être humain », en confondant le sens de cette dernière, par un « jeu de projections » (ibid.). Tedeschini ne veut bien évidemment pas soutenir que l’être humain n’ait pas évolué au sein d’un milieu qui – en grande partie – est foncièrement hostile ; mais plutôt que, si on limite l’enquête à ce cadre, il est impossible de comprendre le sens et la nature du dégoût en tant que différents par rapport à la peur. La recherche de l’Auteur consiste justement en ceci : définir le dégoût – en tant que vécu autonome et essentiellement distinct de tous les autres – pour surmonter une certaine « insatisfaction » par rapport aux réponses offertes jusqu’à présent à cette même question (p. 15). En effet, la culture avec son langage a thématisé le dégoût comme vécu indépendant ; « si les mots ont un sens et un poids, "dégoût" et "dégoûtant" n’indiquent nullement une espèce de défense enracinée dans une stricte logique de la survie, mais plutôt "pourri" et "crasseux" : soit la cause d’une hostilité qui n’a rien à voir avec le danger » (p. 87). C’est dans le troisième chapitre que Tedeschini pose sa thèse, en énonçant ainsi le programme d’une recherche encore à développer, plutôt qu’une conclusion qui prétendrait avoir résolu le problème du dégoût. Après avoir encadré la question (dans le premier chapitre) et avoir mis en lumière les acquis et les limites de nombreuses théories du dégoût (deuxième chapitre), l’Auteur récupère l’idée qui a été énoncée dès le tout début, à savoir, que le dégoût est un phénomène qui exprime un conflit insoluble, essentiellement inhérent au réel : plus qu’un conflit, il s’agit d’une véritable « contradiction » (p. 136-137). Dans l’optique de faire émerger cette position, l’Auteur s’appuie principalement sur des écrits phénoménologiques de la première moitié du vingtième siècle : l’essai sur le dégoût d’Aurel Kolnai et La nausée, ainsi que L’être et le néant, de Sartre . Cette dernière partie du livre de Tedeschini commence par une analyse des objets typiquement dégoûtants – qui suit fondamentalement l’argumentation de Kolnai – pour ensuite faire prendre le relais aux descriptions sartriennes du « visqueux » présentées dans L’être et le néant . Tedeschini déclare être en ligne avec la position de Kolnai concernant la « façon d’être » de l’objet dégoûtant (p. 92), tout en se démarquant de ce dernier en ce qui concerne son interprétation du sens du dégoût (p. 113). En effet, les deux auteurs concordent sur le fait que l’objet dégoûtant exprime une « vitalité inappropriée et déplacée », avec son aspect « mou », « informe », « désordonné », « insensé » (p. 89-91). Toutefois, si Kolnai retient que « le dégoûtant nous rappelle notre lien essentiel avec la mort » (p. 112), Tedeschini trouve que cette lecture a le défaut d’aplatir inévitablement la spécificité du dégoût sur la peur ou l’angoisse (p. 113). Encore une fois, donc, le dégoût serait sous-estimé en étant réduit à un autre vécu. Toutefois, Tedeschini retient le cœur de l’argumentation de Kolnai, à savoir l’idée de la « proximité » (p. 111-113, 132). En effet, selon Kolnai, le fait de « renvoyer simultanément "d’une façon déterminée à la vie et à la mort" » (p. 107) s’exprime – de façon dégoûtante – par le biais de la « rupture des limites de la forme individuelle ». L’objet dégoûtant a la « tendance à se propager au-delà de l’espace qu’il occupe, en rendant toute chose indifférenciée et, finalement, homogène » ; « la vie dégoûtante vise à la dissolution de toute distinction : c’est dans ce sens qu’elle exhibe une intention de mort et que la mort n’est pas séparable de cette forme de vie » (p. 111). En outre, toujours selon Kolnai, « la proximité est le "co-objet" du dégoût », ce qui signifie que « l’objet dégoûtant ne peut être vécu comme tel s’il n’est pas en même temps proche » (p. 132), car « le dégoût ne serait pas concevable si une "proximité substantielle", c’est-à-dire ontologique, entre le sujet et l’objet n’était pas présupposée » (p. 111). À cet égard, Tedeschini retient que l’essence du dégoût ne réside pas tant dans la proximité entre la vie et la mort, que dans « la proximité tout court » (p. 113). Cette position justifie son intérêt pour les thèses de Sartre. Tout au long de son ouvrage, Tedeschini revient plusieurs fois sur la pensée de Sartre : déjà au sein du premier chapitre, alors que le dégoût est reconduit au taedium vitae qui impose la nécessité d’interrompre toute relation entre le sujet et l’objet (p. 35), l’Auteur remarque que l’expérience de la nausée décrite par Sartre dans son roman de 1938 « est une forme particulièrement radicale de ce sentiment » (p. 32-33). Mais le recours le plus important à l’œuvre sartrienne a lieu dans le dernier chapitre – véritable "cœur" théorique du livre – au sein duquel l’Auteur reconnait à Sartre d’avoir eu une intuition fondamentale, à savoir, le fait que « la nausée réagit par rapport à l’insensé » (p. 107). Cette indication de Sartre, précise l’Auteur, « comporte au moins deux indications qu’il faut retenir » : la première concerne le sujet – ou la conscience – en tant que son malaise implique un net refus; la seconde concerne l’objet, qui exprime la contingence, l’absence de tout sens, de toute valeur, ainsi que d’un quelconque fondement. Ce que l’Auteur veut ici valoriser, c’est que « Sartre dit que l’être humain n’est non seulement pas indifférent à l’insensé, mais le refuse nettement, comme si le manque de sens n’était aucunement tolérable » : « la nausée exprime cette intolérabilité » (p. 107). Cet élément essentiel, remarque toujours l’Auteur, ressort aussi lors de l’analyse conduite autour de Freud et de Kolnai (ibid.). Ainsi, pour ce qui concerne l’entreprise de l’Auteur de définir le dégoût en comprenant sons sens, du moins un point a été fixé : la nature dérangeante de l’insensé ; ce qui en quelque sorte est une autre façon de nommer le sentiment de l’absurde. En effet, à partir de l’étude sur le dégoût de Colin McGinn – qui a réinséré dans le débat contemporain sur le dégoût les thèses et de Kolnai et de Sartre (p. 113) –, l’Auteur souligne le résultat théorique atteint jusqu’à présent, à savoir, la découverte du sens du « dégoût comme sentiment de l’absurde » (p. 117). Le recours à l’étude sur le dégoût de McGinn permet à l’Auteur de relever un autre élément qui semble être fondamental dans l’analyse de ce vécu : le rôle central de la subjectivité (p. 114, 131). « Le dégoût est en effet l’expression d’une véritable crise de ses propres convictions » (p. 114) ; « une forme de conscience affective de l’infraction d’une norme qui en quelque sorte nous concerne » (p. 118). Toutefois, si McGinn insiste sur le côté normatif du dégoût, comme réaction cohérente à la violation d’une norme prétendue comme objective (« la nature n’est pas conforme aux attentes humaines concernant la façon dont les choses devraient, correctement, être », p. 115), Tedeschini souligne l’importance du côté subjectif pour comprendre la question du dégoût : « il est évident que la nature peut se tromper », « tout simplement car elle n’est pas obligée de se conformer à la rigidité de la normativité humaine » (ibid.). Donc, la lecture de McGinn – tout en valorisant le « caractère normatif que l’on a plusieurs fois remarqué dans le dégoût » – a le défaut d’« éliminer toute référence au risque actuel et concret de la dissolution subjective » (ibid.). Un second élément essentiel concernant le dégoût a donc été fixé : le caractère subjectif de ce vécu et sa stricte corrélation avec la crise des convictions du sujet et avec la perte (dissolution) de l’identité de ce dernier. Ce second élément, qui s’ajoute à celui concernant le sentiment de l’absurde, nous permet de revenir – comme l’Auteur le fait, d’ailleurs, dans sa conclusion (p. 136) – à Sartre. La corrélation entre dégoût – nausée – et absurdité , ainsi que l’importance du caractère subjectif (et subjectivant) du vécu de la nausée, sont en effet au cœur du célèbre roman de 1938 de Sartre. De même, dans La nausée, l’expression de l’absurdité consiste dans le phénomène de la perte de la forme de tout étant ; ce qui est une façon de rendre compte de la perte des convictions du sujet, dans la mesure où l’objet ne se conforme pas à une norme que le sujet aurait eu la prétention de croire inhérente au réel. Enfin, comme il a été relevé dans d’autres contextes, ainsi que nous l’avons vu, pour Sartre aussi la dissolution de la fixité de la forme (et de la norme) entraîne la perte de soi, la perte de l’identité du sujet. Cela équivaut, à notre avis, à penser la désintégration de la corrélation intentionnelle, qui caractérise essentiellement la conscience au sein d’une perspective phénoménologique ; perspective que Sartre adopte dans les années qui inaugurent son parcours de grand philosophe afin de rendre compte de la réalité dans sa vérité spécifique . En ce sens, à notre avis, La nausée se configure comme un roman phénoménologique au sein duquel est mise en œuvre une opération intra-phénoménologique de subversion de la doctrine husserlienne : l’épochè, la réduction transcendantale, ainsi que la réduction eidétique y sont renversées, tout en n’empêchant aucunement d’atteindre la vérité de l’être, de l’existence, à savoir, « les choses mêmes » que Husserl aussi visait à récupérer. En effet, lors de la scène centrale de La nausée, qui a lieu au Jardin public , c’est-à-dire au milieu de la nature, qui est l’expression paradigmatique de l’existence en tant qu’indépendante de l’œuvre humaine, l’existence se révèle, se dévoile, se montre dans la « nudité » de sa vérité , en mettant drastiquement en crise tous « les faibles repères » tracés par les humains à la « surface » des « choses » . Une véritable "contre-épochè" est en acte, dans la mesure où c’est l’objet de l’analyse qui, en s’imposant lui-même, impose l’analyse elle-même à un sujet dépossédé de sa souveraineté, assujetti : « glacé ». Mais cette "contre-épochè" peut, à notre sens, tout à fait légitimement prétendre à être considérée comme un geste phénoménologique : Sartre souligne en effet le fait d’avoir « compris », « vu » , pour ensuite arriver à la conclusion que « la vue, c’est une invention abstraite, une idée nettoyée, simplifiée, une idée d’homme ». Ce que nous nommons une contre-épochè a donc comme résultat – de même que l’épochè husserlienne – de rendre également possible l’accès à la vérité, qui se donne à voir comme un excès : par rapport à la conscience transcendantale, d’un côté, et par rapport aux essences passibles d’intuition, de l’autre. En se référant apparemment à l’« attitude naturelle » de tous ceux qui n’ont pas « pressenti ce que voulait dire "exister" » – « les autres » –, Sartre montre l’écart qui, en réalité, subsiste entre l’existence et « les significations des choses, leurs modes d’emploi » : « les mots » s’évanouissent et « le monde humain, des mesures, des quantités, des directions » s’écroule ; « la diversité des choses, leur individualité » fond comme « un vernis », alors que l’existence se dévoile comme étant « la pâte même des choses» . Cette pâte consiste en « des masses monstrueuses et molles, en désordre – nues, d’une effrayante et obscène nudité » : il s’agit de la matière du dégoût, qui est la cause de la nausée. Une « contre-intuition eidétique » est donc également en acte, dans la mesure où, à partir de la réduction, aucune essence ne peut être intuitionnée et une seule intuition est possible: celle de l’absurde . Il est aisé de retrouver les éléments mis en lumière dans l’analyse de Tedeschini et des auteurs que cette dernière a convoqués (spécialement Kolnai ) : à travers sa description de l’expérience du dégoût – de la nausée –, Sartre a formulé une « théorie de l’absurde » – de la contingence – qui se fonde sur l’idée de la primauté ontologique de la matière, en tant qu’informe et insensée, sur toute détermination formelle qui puisse satisfaire aux exigences cognitives et normatives propres de la conscience humaine. Cette « théorie de la contingence », qui exprime l’impossibilité de « déduire » quoi que ce soit au sein de l’existence, ni de « saisir » un quelque « "passage" à l’existence » , pourrait être énoncée par une loi qui, en quelque sorte, anticipe la célèbre expression de 1946 selon laquelle « l’existence précède l’essence » : « l’essentiel c’est la contingence », « l’existence n’est pas la nécessité » . Toutefois, cette théorie de la contingence, voire cette « théorie du dégoût », est comme un Janus à deux faces et comporte, donc, aussi la liberté de l’être humain de créer, dans les domaines esthétique et pratique. Toujours la matière – en tant que substrat fondamental de l’existence – est à la base de la créativité humaine, qui est une activité dont la vocation est appropriative et fondante. Le rapport à la matière est donc ambivalent, dans la mesure où, d’un côté, la liberté de la conscience implique qu’elle puisse suspendre un engagement naïf dans l’existence, afin de parcourir la voie dont l’idéal heuristique est la « valeur » ; de l’autre, la matière peut toujours prendre le dessus sur la conscience : « il y a possibilité que l’En-soi absorbe le Pour-soi ; c’est-à-dire qu’un être se constitue à l’inverse de "l’En-soi-Pour-soi", où l’En-soi attirerait le Pour-soi dans sa contingence, dans son extériorité d’indifférence, dans son existence sans fondement ». Cette possibilité correspond à ce qui a été présenté comme la dissolution de l’identité du sujet qui a lieu dans le dégoût. Effectivement, lorsque Sartre se réfère, dans son grand œuvre, à cette éventualité « horrible », c’est la matière dégoûtante par excellence qu’il est en train de décrire : le « visqueux ». Le visqueux est la représentation d’un « être idéal » qui « hante » la conscience dans son être : « un être idéal où l’En-soi non fondé a priorité sur le Pour-soi » et dont le nom est « Antivaleur » . La théorie phénoménologique du dégoût qui est présente dans la première pensée de Sartre – et que nous avons brièvement illustrée – semble bien manifester toute son actualité et sa force dans le cadre du vif intérêt qui a été récemment porté à l’étude de ce vécu. Mais, pour ce qui concerne son application pratique – puisque M. Tedeschini fait démarrer son enquête à partir de ce domaine –, que peut-on conclure de cet aperçu ? Si le dégoût nous montre que l’existence est originairement matière informe et pré-signifiée, il s’ensuit que c’est à l’être humain qu’est assignée la tâche de définir le monde qu’il habite, avec ses objets et ses valeurs. La phénoménologie, du reste, nous enseigne bien que l’objectivité n’est pas une donnée présupposée, mais un produit intersubjectif . Mais, sans doute, la donnée qui à notre avis est la plus importante à retenir de cette brève enquête sur le dégoût, consiste dans sa stricte corrélation avec la subjectivité et dans l’indication du fait que, au sein de la perturbante rupture des limites de son propre horizon, le sujet lui-même donne preuve de toute sa précarité. Ainsi, le sens premier du dégoût – et Sartre déjà semble l’avoir bien vu – réside dans l’indication de la fragilité des prétentions normatives du sujet, qui ne sont pas universalisables et qui – elles – doivent toujours être remises en cause.
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La matière du dégoût. Actualité de la théorie phénoménologique du dégoût de La nausée de Jean-Paul Sartre / Vasari, Giorgia. - In: L'ANNÉE SARTRIENNE. - ISSN 1763-4024. - 33(2019), pp. 136-142.
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