La Bataille Loquifer: edizione critica / Dusio, C. - (2017).

La Bataille Loquifer: edizione critica

Dusio C
Primo
Writing – Original Draft Preparation
2017

2017
La thèse de doctorat qui a été l’objet de mes recherches pendant ces trois années concerne l’étude de la tradition manuscrite et de l’édition critique de la Bataille Loquifer, chanson de geste composée par 4741 décasyllabes rimés, partie intégrante du cycle de Guillaume d’Orange. Cette œuvre a déjà été l’objet de deux éditions différentes: une de la part de J. Runeberg, en 1913, fondée seulement sur deux témoins de la chanson et l’outre de M. Barnett, en 1975, qui manque totalement d’une étude approfondie de la tradition. En revanche l’œuvre magistrale de M. Tyssens, dédiée à l’analyse des rapports testimoniaux de l’ensemble de la geste (et donc de la Bataille Loquifer) constitue pour nous le véritable point de repère. Ce poème se configure comme le direct sequel littéraire des aventures du géant Renouart en Aliscans et pourtant il ne peut pas être étudié sans considérer l’intégrité du cycle et le réseau de relations qui lie les chansons de geste qui en font partie. En effet la Bataille Loquifer entre très tôt dans la biographie littéraire du paladin chrétien, dès les premières étapes de l’élaboration du cycle. Elle se situe parmi les chansons de geste de Guillaume dans le deuxième noyau, entre Aliscans et le Moniage Rainouart, en fonctionnant au niveau narratif comme un raccord entre les exploits juvéniles de Renouart et sa mort. Dans un cadre général l’œuvre peut être définie comme appartenant aux épopées de deuxième génération qui sont caractérisées par un renouvellement du goût impliquant une accentuation du recours au merveilleux chrétien et surtout romanesque. Elle est, en effet, l’une des premières chansons de geste (sinon la première) dont des éléments à caractère épique et de matrice arthurienne sont réunis dans le tissu narratif général. Pourtant la Bataille Loquifer joue un rôle de grande importance dans le développement du genre épique en étant un modèle fort influent sur les chansons de geste tardives: en premier lieu sur une des rédactions de la Chevalerie Ogier en décasyllabes et sa version en alexandrins ou encore l’Esclarmonde, le Bâtard de Bouillon et le Dieudonné de Hongrie. En effet, dans cette œuvre on peut retrouver l’émergence du motif du voyage de l’héros en faerie qui caractérisera les poèmes postérieurs. Pour notre part, dans le premier chapitre de la thèse, nous avons essayé d’illustrer les liens d’interdépendance qui s’entrelacent entre la Bataille Loquifer et les chansons du cycle de Guillaume, spécifiquement avec Aliscans et le Moniage Rainouart qui constituent avec cette œuvre le deuxième noyau de la geste de Guillaume. En outre, nous avons tenu compte du rôle joué par d’autres chansons sur la construction narrative du poème et leurs influences. La Bataille Loquifer, en effet, se réfère souvent aux faits d’Aliscans dont elle partage les mêmes articulations du récit et les continue. Dans ce particulier, on peut inférer que l’auteur de cette œuvre connaissait la version cyclique de la chanson de geste et qu’il voulait se rattacher à celle-ci. En outre, Aliscans est le modèle direct pour certaines scènes qui reviennent avec les mêmes vers et les mêmes mots dans la Bataille Loquifer, ce qui fait penser que l’auteur a connu une version écrite de l’œuvre et surtout qu’il a composé la Bataille Loquifer dans l’écrit par l’écrit. Dans tous les cas, cette chanson de geste semble avoir été conçue comme une continuation directe du poème dédié aux exploits du géant Renouart en respect avec l’esthétique de la mémoire qui caractérise le genre épique dans sa forme et dans son contenu. Différent et moins défini est le cas du Moniage Rainouart; les deux chansons partagent, en effet, des épisodes similaires qui semblent suggérer des rapports de dérivation mutuelle dont il n’est pas toujours si simple de définir la direction. Pour les scènes de combats entre les héros, les contacts s’expliquent avec la même dérivation d’une source commune: la chanson de geste Fierabras où les deux œuvres tirent presque les mêmes éléments de manière indépendante (dans la Bataille Loquifer on retrouve parfois des reprises lexicales identiques). Par contre, l’épisode (très articulé) du navire des païens déguisés en marchants qui ouvre la Bataille Loquifer semble avoir été inspiré par deux scènes du Moniage Rainouart et donc, pour cette raison, nous penchons pour l’antériorité de cette dernière chanson de geste; cependant les éléments à notre disposition ne sont pas certains. Enfin dans la Bataille Loquifer on trouve des allusions patentes à la partie originaire et plus ancienne du Foucon de Candie, signe évident que le poème devait être connu par l’auteur de la Bataille Loquifer. L’analyse conduite sur les sources et les échos épiques, reconnaissables dans l’œuvre, nous a aidé à inscrire la chanson dans un cadre temporel déterminé qui va de 1190-1195, date du Fierabras, jusq’au dernier quart du XIII siècle où est fixée la datation de l’Esclarmonde ce-qui confirme la proposition de G. Bertin de situer la composition du poème au 1204. Dans la chanson de geste apparait comme vivant le marquis de Montferrat qui est représenté avec les enseignes croisées. Cette figure peut être identifiée comme Boniface de Montferrat qui était à la tête de la quatrième croisade en 1201 et qui est mort le 4 Septembre 1207. C’est pourquoi, la date – approximative – de la composition de la Bataille Loquifer peut être facilement fixée après l’attribution du commandement de l’expédition en Orient et avant la mort du marquis, c’est à dire en 1204 environ. Le deuxième chapitre s’ouvre sur la description codicologique et paléographique de la tradition manuscrite du poème, composée par dix témoins. En ligne générale on peut affirmer que la totalité des codex de la Bataille Loquifer sont des manuscrits cycliques. Parmi eux Paris, BNF, fr. 1449 (A2), fr. 368 (A3), Milano, Biblioteca Trivulziana, 1025 (A4) et Berne, Burgerbibliothek, 296 (E) transmettent l’intégrité du cycle de Guillaume; par contre dans A1, le manuscrit jumeau de A2, le poème manque à cause de la chute des cahiers y correspondants. Boulogne-sur-Mer, Bibliothèque municipale 192 (C) partage la même architecture générale en ajoutant le Foucon de Candie. London, British Library, Royal 20. D. XI (B1), Paris, BNF, fr. 24369-24370 (B2) et fr. 1448 (D), réunissent l’ensemble des chansons de la geste de Guillaume et de Aymeri de Narbonne et pour cette motivation ils sont appelés du grand cycle. L’œuvre est encore transmise, par le manuscrit le plus ancien de toute la geste: Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 6562 (ars) qui pendant longtemps a joui du plus grand prestige dû à son statut (seulement présumé) du manuscrit de jongleur et par un dernier témoin: Paris, BNF, fr. 2494 (F) qui contient uniquement Aliscans et la Bataille Loquifer. De plus, la chanson de geste est conservée par un fragment de la bibliothèque de Lisbonne 258.42 fr. (li) qui garde la section finale d’Aliscans et à peu près deux laisses de la Bataille Loquifer. La partie centrale de la thèse (chap. 2 par. 2, 3, 4, 5) porte sur l’analyse de la tradition manuscrite et ses problématiques; tout d’abord on a essayé de décrire la physionomie textuelle des deux rédactions du poème (V c’est-à-dire Vulgata et v) qui dérivent toujours du même archétype. Elles sont caractérisées de manière macroscopique par deux finals alternatifs et concurrentiels, et par une organisation différente de la strophe épique. En effet, la version v est distinguée par la présence du vers orphelin en fin de laisse. Grâce à la base des études précédentes de J. Runeberg sur le final et de M. Tyssens pour les deux sujets, on a confirmé la postériorité de la rédaction v par rapport à V; effectivement v a été l’objet d’un remaniement successif pour des raisons d’harmonisation cyclique. Le matériel narratif du final a été modifié afin d’intégrer, dans les témoins de cette rédaction, le Foucon de Candie sans contradiction au niveau diégétique. Cette hypothèse est confirmée par certaines incohérences dans la structure du récit et dans la construction des rimes. L’insertion du vers orphelin, par contre, semble pouvoir être attribuée au goût de l’époque. L’analyse continue avec l’examen de chaque témoin du texte. Le paragraphe suivant offre la vraie et propre recensio conduite sur l’ensemble du testimonial selon la méthode de la stemmatique traditionnelle. Bien conscient de la problématique offerte par les textes de genre épique souvent touchés par le phénomène de la réécriture et par un haut niveau de “varianza in adiaforia” qui rendent fort compliquée l’individuation des erreurs certaines, nous n’avons pas renoncé à un examen critique de la tradition manuscrite. À notre avis cela est l’unique instrument décisif pour la détermination de rapports généalogique entre témoins et il est indispensable pour la définition du texte. Le cadre résultant n’est pas plus simple. Les rapports entre les manuscrits changent et le stemma se modifie pendant le déroulement de la narration. Pas tous les codex transmettent l’intégrité de la Bataille Loquifer, deux changent leur modèle et par conséquence leur place dans la tradition, divers sont intéressés par le phénomène de la contamination ponctuelle et circonscrite dans certain cas, massive et profonde dans d’autres. En conclusion, la tradition de la Bataille Loquifer se caractérise par son aspect très dynamique qui nous a conduit à présenter autant de modèles généalogiques que d’articulations du texte en suggèrent et, en effet, nous avons divisé l’œuvre en quatre parties, chacune individualisée par une constellation stemmatique spécifique. De plus, il s’est imposé une étude supplémentaire de différentes modalités et stratégies de contamination employées par les témoins de la chanson qui nous a permis de mieux déterminer les liens de parenté entre manuscrits. Un paragraphe à part a été dédié à l’examen de la mise en prose du quinzième siècle du Roman de Guillaume pour la section relative à la Bataille Loquifer et ses rapports de dérivation avec le texte source. Le troisième chapitre essaye de résoudre le problème de la question attributive. En effet, que ce soit dans la Battaile Loquifer ou dans le Moniage Rainouart, une partie de la tradition transmet la soi-disant signature du jongleur. Longtemps la critique a identifié cette figure comme l’auteur de la totalité du deuxième noyau ou d’une partie de celui-ci (en particulier de la Bataille Loquifer et du Gadifer le dernier épisode du Moniage Rainouart), mais grâce à l’étude de rapports testimoniaux entre les deux chansons, qui partagent un cadre stemmatique assez similaire, on peut affirmer que cette réclame jongleresque figure seulement dans une branche de la tradition bipartie des deux œuvres. Dans cette figure, on ne peut plus déterminer l’auteur du cycle entier, ou des œuvres, ou des parties spécifiques mais plutôt le réviseur d’une version particulière qui dans notre organisation s’identifie dans la branche V. Le quatrième chapitre est dédié à l’analyse linguistique. En ce qui concerne l’étude de la langue des manuscrits singuliers nous nous sommes limités à fournir une brève description d’ensemble de la scripta des témoins choisis comme base pour l’édition. En effet, nous avons préféré concentrer nos efforts sur l’examen de la langue de la Bataille Loquifer dans le but d’identifier sa provenance, de la localiser et de la dater. En ce sens, nous nous sommes penchés sur l’analyse des rimes, pièce maîtresse de l’étude phonético-linguistique et sur le lexique de l’œuvre. L’enquête conduite sur le texte indique, que ce soit au niveau phonético-morphologique et syntactique, ou au niveau lexical, une origine de la région de la Picardie ou Hainaut des premières années du XIII siècle, ce qui confirme la proposition de datation au 1204. La deuxième partie de la thèse contient l’édition critique du texte. Il s’agit d’une édition reconstructive fondée sur la recensio intégrale des témoins sur la base des critères de la stemmatique que nous avons aussi appliqués pour la phase de constitutio textualis. En effet, la tradition de la Bataille Loquifer permet d’utiliser – avec toute la prudence du cas – la méthode da la critique neolachmanienne. De notre part, nous avons essayé d’appliquer au texte un modèle reconstructif nivelé en rapport à la typologie de la tradition étudiée, en basant notre travail sur les suggestions dérivées des quatre différentes configurations stemmatiques dessinées. L’édition, en outre, est pourvue d’un apparat critique sur deux niveaux non-hiérarchique et paritaire qui rend compte de la complexité et de la profondeur de la tradition au fil de la transmission du texte. Des notes synthétiques aident la compréhension des lieux textuels plus difficiles et de nos choix dans le processus d’établissement du texte. La dernière partie de la thèse s’agit d’une “épreuve de glossaire”; c’est-à-dire une liste très succincte des formes lexicales intéressantes qui donnent un bref aperçu de son futur développement. On a enregistré le lexique marqué de sens dialectal, les premières attestations des mots, les cultismes mais aussi les paroles largement attestées dans les chansons de geste qui indiquent l’appartenance de la Bataille Loquifer au genre épique.
edizione critica; filologia del testo; Bataille Loquifer; epica; Chanson de geste
03 Monografia::03b Edizione Critica
La Bataille Loquifer: edizione critica / Dusio, C. - (2017).
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11573/1284907
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