Anne de Bretagne bâtisseuse : identité et mémoire

Four outstanding characteristics mark the artistic and intellectual patronage of Anne, Duchess of Brittany and twice Queen of France: her great piety, her concern to perpetuate the memory of her loved ones, her strong identification with Brittany and the differing roles she played during the reigns of Charles VIII and Louis XII. This study seeks to confirm whether these characteristics are to be found when one concentrates on architecture and evaluates the real impact of this patronage, drawing a distinction between works traditionally ascribed to the Queen and those attributable to her on the basis of documentary evidence

Anne, duchesse de Bretagne et deux fois reine de France, a fait l'objet d'innombrables études, dont plusieurs assez récentes. Le mécénat d'architecture, souvent évoqué par les historiens, n'a pourtant pas été examiné de manière cohérente. Quatre caractéristiques semblent se distinguer parmi les aspects du mécénat artistique et intellectuel d'Anne de Bretagne : sa grande dévotion, sa volonté de perpétuer la mémoire de ses aimés, sa forte identification avec la Bretagne, les rôles différents joués sous les règnes de Charles VIII et Louis XII. L'un des objectifs de ma communications est de vérifier si ces caractéristiques se retrouvent lorsque l'on concentre l'attention sur le domaine architectural. Toutefois, il faut d'abord évaluer la porté réelle de ce mécénat, en distinguant les oeuvres attribuées à la reine par la tradition de celles que lui reviennent sur la base des documents. La comparaison du poids de l'homme et de la femme dans le mécénat, relevant de manière plus générale du couple, dans le cas des fondations religieuses –analysé pour les deux ménages, Charles/Anne et Louis/Anne– est complété par l'étude des espaces d'habitation réservés à la reine dans les châteaux d'Amboise, Loches et Blois. La perpétuation de la mémoire des ses aimés passe sans doute par les commandes assez bien connues des tombeaux des ducs de Bretagne, des enfants de Charles VIII et de ce dernier, mais faut-il s'interroger également sur la protection qu'Anne accorde aux artistes italiens faisant partie du groupe emmené en Italie par Charles VIII.